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Points de vue des citoyens ordinaires
12 avril 2016

DE LA NUIT DEBOUT, DE LA FIN DE L'EMPIRE ROMAIN ET DE QUELQUES AUTRES EVENEMENTS

La « Nuit debout », mouvement de paumés, sinon de casseurs, à la pensée politique primaire ou bien commencement d’une rénovation de la vie politique par des gens qui, pour la plupart, se désintéressaient d’elle jusqu’à présent ? J’ai entendu les deux interprétations, prononcées l’une et l’autre sur un ton convaincu, sinon convaincant (pour l’une d’entre elles et pour moi). Au fond, voilà un mouvement que, pour le moment du moins, on ne sait pas penser et donc vis-à-vis duquel on ne sait quelle attitude prendre. Cela me conduit à souligner combien il est illusoire de vouloir agir sans avoir auparavant pensé les événements ou la société sur lesquels on prétend agir. Car il ne suffit pas de constater, il faut comprendre, et ce n'est pas là commencer à excuser l'inexcusable, comme le sous-entendait récemment un de nos gouvernants, mais c'est une des conditions de l'efficacité dans l'action.

L’historien Patrick GEARY, dans son livre sur le monde mérovingien, raconte une anecdote pleine d’enseignements à cet égard.  A la cour du roi des BURGONDES, vers le milieu du V° siècle, un grand propriétaire gallo-romain se moque d’un religieux qui avait annoncé la fin de l’Empire romain. Je cite GEARY : « eh bien, dit l’aristocrate, l’Empire tient toujours, n’est-ce pas ? ». Mais non, il était déjà mort. Et notre témoin, dont on peut penser qu’il avait cependant certaines informations du fait de sa présence à la cour, ne l’avait tout simplement pas vu, au contraire du clerc, nous dirions aujourd’hui de l’intellectuel qui, peut-être moins bien informé, avait su comprendre et interpréter les signes qu’il voyait. Et il ne s’agissait pas d’un événement mineur, mais de rien moins que de la fin d’un Empire millénaire !

Quel que soit l’objet de l’action politique, qu’il s’agisse par exemple de l’attitude à propos du mouvement cité plus haut, ou bien de la politique de « déradicalisation » dont on parle tant mais qu’on ne met guère en œuvre, ou encore de la lutte contre le chômage, il faut d’abord comprendre et expliquer. Les chaînes d’information en continu l’ont bien compris, qui font appel à des « experts médiatiques » dont la compétence – la pensée – est parfois sujette à caution mais qui prétendent éclairer la situation, et qui, pour certains, l’éclairent en effet.

Qui peut comprendre et expliquer, sinon l’ensemble des sciences humaines et sociales ? Je ne parle pas ici des constructions idéologiques acrobatiques telles que celles des néoconservateurs américains » qui voyaient dans la refondation de l’Irak les prémisses d’un nouveau Moyen-Orient et qui ont sont largement responsables du chaos actuel dans cette région du monde. Je parle de recherches sérieuses, conduites avec rigueur dans les laboratoires universitaires par des personnels compétents : encore faut-il que ces laboratoires disposent des ressources budgétaires nécessaires, ce qui suppose que nos gouvernants considèrent nécessaires ces recherches.

A défaut, tel notre aristocrate gallo-romain, ils pourraient être longtemps politiquement aveugles et leurs politiques vraisemblablement inefficaces.  

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