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Points de vue des citoyens ordinaires

7 mai 2017

PROPOSDE FIN DE CAMPAGNE

Hier, dans la rue, un individu haranguait les passants à propos d'un certain "Adolphe" MACRON. Je suppose qu'il ne faisait pas référence à Benjamin CONSTANT mais plutôt à HITLER et qu'il écrivait (mentalement) ce prénom "Adolf". J'ai parlé d'individu pour rester neutre, car, spontanément, il m'était venu d'autres mots que je n'utiliserai pas ici par respect pour le débat public.

Je me bornerai donc à lui signaler (enfin, à lui... Ce n'est pas certain) qu'il répète une erreur politique colossale qui fut celle du Parti communiste allemand des années 20-30 qui mettait dans le même sac les nazis et les sociaux-démocrates, aimablement qualifiés de"social-fascistes". Circonstance atténuante pour le Parti communiste allemand, il obéissait aux ordres de Staline à qui donc il est légitime d'imputer la responsabilité de cette erreur. Mais notre individu ne bénéficie pas de cette circonstance atténuante. Au contraire, sa responsabilité dans ce qu'il dit est aggravée par le fait que l'erreur a déjà été commise et qu'il aurait pu s'informer. L'inculture historique n'est pas une excuse.

Un conseil: lisez Victor HUGO qui, dans l'Histoire d'un crime, écrivait que la bonne politique c'était avant tout d'identifier l'adversaire. Et surtout, réfléchissez! Si vous le pouvez, bien sûr...

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22 avril 2017

MERCI, MONSIEUR HUGO

« Pour qu’un scrutin politique soit valable, il faut trois conditions absolues : premièrement que le vote soit libre ; deuxièmement que le vote soit éclairé ; troisièmement que le chiffre soit sincère. Si l’une de ces conditions manque, le scrutin est nul ». (Napoléon le petit, II, L’Absolution).

Pour le scrutin du 23 avril, il ne fait aucun doute que la première et la troisième condition énoncées par Victor HUGO sont remplies. Mais, s’agissant de la deuxième, le doute est permis. Certes, du point de vue de notre auteur, qui ne vise que la liberté de la presse (« là où il n’y a pas de liberté de la presse, il n’y a pas de vote », n’est-ce pas M. ERDOGAN ?), le problème ne se pose pas : la presse est libre en France, et cela déplaît puisque certains candidats (un au moins) se permettent de faire siffler ces gueux de journalistes dans leurs réunions électorales. Mais est-ce suffisant ? Les candidats n’ont-ils pas, eux aussi, certains devoirs ? Ne doivent-ils pas éclairer les électeurs en leur présentant clairement ce qu’ils se proposent de faire, s’ils sont élus ? Ne doivent-ils pas d’abord s’adresser à la raison en évitant des affirmations infondées (sur un cabinet noir) ou ridicules et indécentes (sur l’absence d’attentat qui eût été la conséquence de leur exercice du pouvoir) ? En bref, ne devraient-ils pas considérer les électeurs comme des adultes intelligents et responsables plutôt que comme des gogos à qui l’on peut en faire accroire ?

Non, le vote du 23 avril n’a pas été éclairé par la campagne électorale, et par la faute des candidats eux-mêmes, ou tout au moins de certains d’entre eux. La campagne électorale a été nulle, voilà la vérité. 

1 avril 2017

DIALOGUE AVEC UN JIVARO SUR L'ELECTION PRESIDENTIELLE: LE "CABINET NOIR"

Mon oncle (sombre).- C’est infâme !

Le Jivaro (guilleret).- Bonjour, Monsieur, vous semblez de mauvaise humeur, aujourd’hui.

Moi (ironique).- Comme souvent… comme presque toujours. Au fait, bonjour, mon oncle. Et, dis-nous, qu’est ce qui est infâme ?

Mon oncle (réprimant difficilement sa colère).- Eh bien, cette histoire de cabinet noir !

Le Jivaro (curieux).- De quoi s’agit-il ? D’un cabinet composé d’hommes de couleur ? Et pourquoi seulement des noirs ?

Mon oncle (furieux).- Mais non ! Ne faites pas l’idiot, ça n’a rien à voir !

Moi (riant).- Hum… Je crois qu’on a parlé d’un cabinet noir à propos de la surveillance de la correspondance… En clair, on ouvrait les enveloppes et on regardait ce que les gens écrivaient.

Le Jivaro (interloqué).- Vous voulez dire, Monsieur, qu’on surveille la correspondance ? Mais c’est interdit !

Mon oncle.- Parfaitement, jeune homme ! Et c’est pour ça que c’est infâme ! 

Moi (ironique).- Et encore, mon oncle ne te dis pas tout…

Le Jivaro (stupéfait).- Parce qu’il y a plus grave ?

Moi (riant).- Plus grave, je ne sais pas… C’est le secret des secrets… Il faut voir où siège ce cabinet noir, dans un sous-sol, où aboutissent de lignes téléphoniques, avec un mur d’écrans de télévision où l’on peut voir en permanence des gens surveillés sans qu’ils le sachent… Bien entendu, ce sous-sol est protégé par plusieurs portes blindées et on n’y pénètre qu’avec des codes différents pour chaque porte… Il y a même un couloir sans aucune lumière, il faut le franchir avec une bougie…

Le Jivaro (perplexe).- Tu te moques de moi, non ?

Mon oncle (furieux, à nouveau).- Non, jeune homme, non, il ne se moque pas de vous, il se moque de moi ! Tu peux rire, mais c’est infâme, je le maintiens !

Moi (sérieux).- Comment peux-tu croire pareilles billevesées, mon oncle ? Même celui qui a parlé d’un cabinet noir a admis qu’il tenait ses informations d’un livre qu’il n’avait pas lu ! Et les auteurs du livre ont démenti en avoir jamais parlé !

Mon oncle.- N’empêche…On voit le résultat !

Moi.- Quel résultat ?

Mon oncle.- La presse informée en temps réel, la magistrature aux ordres du pouvoir…Un véritable complot !

Moi.- Arrête avec ces fariboles ! La presse informée ? Mais à quoi servirait-elle si elle ne l’était pas ? La magistrature aux ordres du pouvoir ? Parle en avec ces ministres qui ont été poursuivis et, pour certains, condamnés ! Et regarde les lois qui ont été votées récemment, je veux dire depuis 2012…

Mon oncle (moqueur).- Parlons-en, du bilan !

Moi.- Oui, parlons-en, il n’est pas négligeable : loi contre le cumul des mandats, loi sur la délinquance financière, le blanchiment et la fraude fiscale, créant la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), celle créant le parquet national financier, ou encore l’Agence française anticorruption, la loi Sapin 2 sur l'encadrement du lobbying et les lanceurs d'alerte… Je n’aurai pas la cruauté de te demander comment ont voté ceux qui dénoncent l’existence d’un cabinet noir…

Mon oncle.- …

Moi (excédé).- Et puis j’en ai assez de ce complotisme…

Le Jivaro (curieux).- Complotisme ? Voilà un mot que je ne connais pas.

Moi.- C’est un mot nouveau qui désigne une tendance à voir une action concertée derrière chaque événement, une action secrète et mauvaise, bien évidemment. Il paraît que c’est très à la mode sur les réseaux sociaux…

Le Jivaro.- Et tu crois que ton oncle ?

Moi (toujours excédé).- Eh bien oui, comme beaucoup de gens, des jeunes en particulier – mais tu sais qu’il est très jeune de caractère…-, il a tendance à voir une main invisible derrière tout événement qui le contrarie, et cette main est nécessairement celle de gens auxquels il s’oppose. Parce que ce cabinet noir, il ne se borne pas à surveiller la correspondance, il agit, il fomente des coups tordus. Pas vrai, mon oncle ?

Mon oncle.-  Mais ça existe, les complots !

Moi.- Sans doute, sans doute… Surtout dans certaines têtes !

 

 

 

 

16 mars 2017

CONSEIL AUX ELECTEURS

Rassurez-vous, si le titre de ce billet vous a inquiété, il n'est pas dans mes intentions de vous conseillez pour qui voter, mais seulement de vous faire connaître un livre qui peut vous être utile pour vous déterminer.

J’ai déjà attiré l’attention, dans un précédent billet, sur l’importance des campagnes électorales et sur la nécessaire fiabilité des informations qu’on y utilise. C’est dire, incidemment, que je suis peu sensible à ce qu’on appelle « la post-vérité » ou à la notion de « faits alternatifs » chère à l’administration TRUMP. Mais rien n’oblige l’électeur à demeurer passif et à se contenter des informations utilisées par les candidats ou ceux qui le soutiennent ; il peut, également, chercher lui-même les informations qui lui seront utiles pour vérifier, ou seulement apprécier, les discours qu’on lui tient.

C’est dans cette perspective que je voudrais signaler à mes lecteurs un petit ouvrage publié par la Documentation française sous le titre « France 2017, les données clés du débat présidentiel » (Collection Doc’en poche, 144 p., 5,90 €). Sous forme de questions regroupées elles-mêmes en chapitres, et pour un prix minime, l’électeur-lecteur y trouvera non pas tout, mais beaucoup de  ce qui lui sera utile pour se décider. On y apprend, par exemple (p. 22), que la dure annuelle du travail est en France supérieure (oui, vous avez bien lu) à celle de l’Allemagne (1482 h en France, 1371 h en Allemagne) ; de quoi relativiser la querelle des 35 heures, non ?   Ou encore que les médicaments sont de moins en moins remboursés (p. 47) ; et certains candidats proposent (ou proposaient) d’aller plus loin dans cette voie.

Votez, mais votez intelligemment.

 

15 mars 2017

DIALOGUE AVEC UN JIVARO SUR L'ELECTION PRESIDENTIELLE: LES CANDIDATS ET LA JUSTICE

Le Jivaro.- Il y a quelque chose que je ne comprends pas…

Moi.- Oui ? Quoi donc ?

Le Jivaro.- Eh bien ces reproches qui sont faits à la justice lorsqu’elle s’intéresse à des femmes et des hommes politiques. J’entends parler « d’assassinat politique »par l‘un, ou l’autre s’étonner de sa convocation à moins de 50 jours de l’élection présidentielle…

Mon oncle.- Parfaitement, jeune homme, on ne convoque pas une personne candidate à une élection à quelques jours de celle-ci, c’est un complot des juges, c’est… c’est  anti-démocratique !

Moi (sarcastique).- Ah, bonjour, mon oncle, je ne t’avais pas entendu entrer...

Mon oncle (grognon).- B’jour, vous deux !

Le Jivaro (poli).- Bonjour, Monsieur, comment allez-vous ?

Mon oncle (grognon).-Mmm…

Moi (sérieux).- Et pourquoi est-ce anti-démocratique, je te prie ?

Mon oncle (excité).- Mais parce que c’est un coup d’état des juges ! Un complot pour écarter certains candidats! Ils veulent influencer les électeurs, c’est évident ! Et dans une démocratie, les électeurs décident ! Pas les juges !

Moi (conciliant).- Sans doute, sans doute… Donc, si demain je me déclare candidat à l’élection présidentielle de 2022, je suis intouchable ?

Mon oncle (plus excité encore qu’un instant auparavant).- Evidemment non ! Ne fais pas l’idiot !

Moi.- Mais n’est-ce pas toi qui disais il y a un instant qu’un juge ne convoque pas un candidat à une élection ?

Mon oncle (furieux).- Ne fais pas semblant de ne pas comprendre ! Les juges ne doivent pas convoquer un candidat juste avant l’élection !

Moi.- C’est-à-dire ? La veille ? Un mois avant ? Un an avant ?

Mon oncle.- Je ne sais pas, moi ! Un délai raisonnable !

Moi.- Mais ce qui est raisonnable pour moi peut ne pas l’être pour toi… Qui va trancher ?

Le Jivaro (taquin).- La justice, peut-être ?

Mon oncle (furieux).-Vous, taisez-vous ! Vous n’êtes pas électeur, non ?

Moi (sérieux).- Tu sais, il a raison…

Mon oncle (toujours furieux).- Mais c’est le gouvernement des juges, alors ! Ce n’est plus la démocratie !

Moi (patient).- Ce ne serait pas plutôt le gouvernement de la loi ? Parce qu’après tout, toi, mon oncle, si tu es soupçonné, je ne sais pas, par exemple d’abus de confiance…

Mon oncle (rugissant).- Manquerait plus que ça !

Moi (souriant).- Une simple supposition… Tu serais convoqué par un juge, non ?

Mon oncle (calmé).- Bien sûr !

Moi (toujours souriant).- Et tu ne pourrais pas prétexter un prochain voyage ou je ne sais quoi d’autre pour ne pas te rendre à cette convocation ?

Mon oncle (surpris).- Non… enfin, je ne crois pas.

Moi.- Alors pourquoi un candidat peut-il refuser de se rendre à une convocation ?

Mon oncle (embarrassé).- Ce n’est pas la même chose…

Moi (grand seigneur).- Je te l’accorde…

Le Jivaro.- Voilà ce que je ne comprends pas. C’est la même chose ! Ou alors il n’y a pas d’égalité !

Mon oncle (triomphant).- Il y a l’immunité parlementaire ! C’est quelque chose, ça !

Moi.- Certes… Mais elle existe pour protéger le mandat des parlementaires… Encore faut-il l’être… Et tous les candidats ne le sont pas.

Le Jivaro.- Le mandat ?

Moi.- Leur fonction, si tu préfères. Il s’agit de protéger les parlementaires contre des poursuites que le pouvoir pourrait leur intenter pour les empêcher de faire leur travail de parlementaire. Mais l’immunité parlementaire ne sert pas à se soustraire à la justice !

Le Jivaro (perfide).- D’autant plus que j’ai cru deviner que certains des candidats qui sont convoqués devant les juges veulent renforcer la répression pénale…

Moi (ironique).- Oui… Mais pas celle qui les concerne…Enfin, il semble.

Le Jivaro.- Ne devraient-ils pas donner l’exemple ? S’ils sont convoqués devant la justice, s’y rendre malgré leur immunité ?

Moi.- C’est ce que je pense. Si nous étions dans un régime autoritaire, ils auraient raison d’invoquer l’immunité parlementaire.

Le Jivaro.- Le pourraient-ils ?

Moi.- Sans doute pas.

Le Jivaro (surpris).- Mais alors… Si on ne peut pas invoquer l’immunité parlementaire dans un régime où ce serait utile et qu’il est possible de l’invoquer seulement dans un régime où elle est inutile, à quoi sert-elle ?

Moi.- Bonne question. Tu veux mon point de vue ? A rien de concret. Un symbole, rien de plus.

Mon oncle.- Encore un point de vue paradoxal, mon neveu !

Moi (patient).- Mis non, mon oncle, rien de paradoxal là-dedans. L’immunité parlementaire a été un élément qui a permis de construire la démocratie libérale. Mais celle-ci est solide, à présent. Et donc l’immunité parlementaire ne sert plus politiquement à grand-chose, elle sert bien plutôt  à aider un parlementaire à échapper à des poursuites judiciaires. J’ai un peu l’impression que d’une règle protectrice du Parlement on est passé à une règle protectrice de parlementaires…

Le Jivaro.- Et voilà pourquoi un parlementaire peut refuser de se rendre à une convocation devant la justice !

Moi.- Et attaquer la justice alors qu'ils prétendent la défendre.

 

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1 mars 2017

SUR LES RAPPORTS DES FONCTIONNAIRES ET DU POUVOIR POLITIQUE

Voilà comment certains concevaient (conçoivent?) le rapport des fonctionnaires et du pouvoir politique. A méditer ...

Acte constitutionnel n° 7 du 27 janvier 1941

Nous, maréchal de France, chef de l'État français,
Vu la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940.
Décrétons :

Article premier.
Les secrétaires d'État, hauts dignitaires et hauts fonctionnaires de l'État prêtent serment devant le chef de l'État. Ils jurent fidélité à sa personne et s'engagent à exercer leur charge pour le bien de l'État, selon les lois de l'honneur et de la probité.

Article 2.
Les secrétaires d'État, hauts dignitaires et hauts fonctionnaires de l'État sont personnellement responsables devant le chef de l'État. Cette responsabilité engage leur personne et leurs biens.

Article 3.
Dans le cas où l'un d'eux viendrait à trahir les devoirs de sa charge, le chef de l'État, après enquête dont il arrêtera la procédure, peut prononcer toute réparation civile, toutes amendes et appliquer les peines suivantes à titre temporaire ou définitif :
- privation des droits politiques ;
- mise en résidence surveillée en France ou aux colonies ;
- internement administratif ;
- détention dans une enceinte fortifiée.

Article 4.
Les sanctions qui pourraient être prises en vertu de l'article précédent ne font pas obstacle aux poursuites susceptibles d'être exercées par la voie légale ordinaire en raison des crimes ou délits qui pourraient avoir été commis par les mêmes personnes.

Article 5.
Les articles 3 et 4 du présent acte sont applicables aux anciens ministres, hauts dignitaires et hauts fonctionnaires ayant exercé leur charge depuis moins de dix ans.
 

_______________________________________________________________________________

Acte constitutionnel n° 8 du 14 août 1941

Nous, maréchal de France, chef de l'État français,
Vu la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940.
Décrétons :

Nul ne peut être admis à servir dans l'armée s'il ne prête serment de fidélité au chef de l'État.
La formule de la prestation de serment est la suivante :
« Je jure fidélité à la personne du chef de l'État, promettant de lui obéir en tout ce qu'il me commandera pour le bien du service et le succès des armes de la France. »
 


Acte constitutionnel n° 9 du 14 août 1941

Nous, maréchal de France, chef de l'État français,
Vu la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940.
Décrétons :

Nul ne peut exercer les fonctions de magistrat s'il ne prête serment de fidélité au chef de l'État.
La formule de la prestation de serment est la suivante :
« Je jure fidélité à la personne du chef de l'État. Je jure et promets de bien et honnêtement remplir mes fonctions, de garder religieusement le secret des délibérations et de me conduire en tout comme un digne et loyal magistrat. »
 


Acte constitutionnel n° 10 du 4 octobre 1941

Nous, maréchal de France, chef de l'État français,
Vu la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940.
Décrétons :

Article unique.
L'obligation de prêter serment de fidélité au chef de l'État, telle qu'elle résulte de l'article premier de l'acte constitutionnel n° 7 pourra, à l'exclusion des dispositions contenues dans les articles 2 à 5 du même acte, être étendue par des lois ultérieures aux fonctionnaires de tous ordres qui ne sont pas visés par les actes constitutionnels n° 7, 8 et 9 et par le décret du 14 août 1941, ainsi qu'au personnel de direction de services publics concédés.
 

 

18 février 2017

DES EXCENTRIQUES, VRAIMENT?

Il y a sur terre une infime minorité d’êtres qui offrent toutes les apparences extérieures de l’homme et qui , pourtant, se trouvent en dehors de l’humanité parce qu’ils sont affligés d’une tare monstrueuse : ils pensent par eux-mêmes.

Les spécimens de cette curieuse espèce sont extrêmement rares. Sans doute n’en n’avez-vous jamais rencontré ; mais, pour inconcevable qu’elle vous paraisse de prime abord, l’existence de tels excentriques n’en est pas moins certaine.

On les distingue à ceci :

Ils refusent de bêler avec le troupeau et se cabrent quand Pecus rampe à plat ventre.

Ils repoussent les idées toutes faites, ne se courbent pas sous les conventions, les préjugés, les fausses morales, les lois iniques.

Ils méprisent la politique, les affaires et certaines besognes au point qu’ils préfèreraient mourir plutôt que s’adonner à un travail sans joies.

Ils obéissent à une morale supérieure, à la loi de leur conscience. Retirés de l’agitation, ils se pelotonnent dans leur pensée et s’efforcent de vivre en beauté.

J’aime autant vous l’avouer tout de suite : cess gens-là sont mes frères ; je les considère comme mon seul prochain, bien que, parfois, je m’approche aussi des autres, mais seulement de ceux qui sont doux…

JOSSOT, Les excentriques, in Sauvages blancs, Finitude, 2013.

11 février 2017

SUR LA PRESOMPTION D'INNOCENCE

Si tôt qu’une personnalité en vue se voit reprocher un comportement amoral, voire illégal, elle réclame aussitôt le bénéfice de la présomption d’innocence et accuse à son tour ses accusateurs, leur reprochant leur acharnement à nuire ou pire encore, et crient, inévitablement, au complot médiatique (mais oui, vous n’en doutez certes pas, il existe, au sous-sol d’un immeuble que j’imagine volontiers délabré et sinistre, un lieu où les comploteurs s’assemblent pour préparer leurs mauvais coups. Quels comploteurs ? Ceux que vous voudrez, la liste est longue de ceux qu’on accuse de participer à ce genre de choses…). Souvent, ces mêmes personnes portent plainte, pour diffamation, violation du secret de l’instruction ou tout autre motif, supposant que cette instrumentalisation de la justice rendra plus crédible leur communication. Je ne citerai pas ici d’exemples, il vous suffit d’ouvrir votre journal habituel pour en en trouver de nombreux.

Il faut dénoncer ce tour de bonneteau que constitue cette référence à une règle du droit pénal là où il n’est pas, ou pas encore, question d’un procès pénal. Car enfin, qu’est-ce que la présomption d’innocence ? Ce n’est pas autre chose que cette règle qui, au bénéfice de l’accusé d’un procès pénal, veut qu’on est innocent de ce dont on est accusé tant qu’un tribunal compétent ne vous a pas déclaré définitivement coupable. Or, vous l’observerez, les personnalités en vue dont je parle ici évoquent cette présomption d’innocence avant toute mise en cause pénale, s’en prévalant faussement pour que ne soit pas posé le problème véritable, celui de l’exemplarité.

Car une personnalité en vue, et bien entendu d’abord celles qui prétendent à gouverner, se doivent d’être exemplaires. Comment justifier l’adoption d’une loi punissant un comportement frauduleux si on est soi-même suspecté – oui, suspecté, seulement – d’un tel comportement, ou si l’on peut se voir reprocher un comportement immoral ?  Le menu peuple (j’utilise une expression qui, j’imagine, correspond bien à la vision de ces personnalités en vue à l’égard des gens ordinaires ou, comme disait Pierre SANSOT, mais avec sympathie, des gens de peu) considèrera ses propres fraudes comme de peu d’importance par rapport à celles dont il entend parfois parler et, surtout, trouvera dans ces comportements immoraux ou illégaux des personnalités en vue une justification à ses propres actes. La femme de César doit être insoupçonnable, dit-on, les grands de ce monde aussi, quoi qu’ils en pensent. Et ils n’ont que trop tendance à se considérer comme au-dessus des règles de la morale et du droit, à estimer que la sanction, c’est pour les autres, c’est pour les gens ordinaires.

Il ne faut pas être naïf ou rigide. La faute est toujours possible, qu’elle s’explique par la mauvaise appréciation des choses, l’inattention ou toute autre raison. Dans ce cas, me semble-t-il, les choses sont assez simples : si il s’agit d’une faute morale, c’est à son auteur de la reconnaître et d’en tirer les conséquences (démissionner n’est pas fuir ses responsabilités mais au contraire les assumer) ; s’il s’agit d’une faute pénale, c’est aux tribunaux d’en juger. Peut-il y avoir une vie, une vie politique par exemple, après une démission ou une condamnation ? Cette fois, c’est aux autres d’en juger, aux électeurs notamment.

Et je ne suis pas certain d’être d’accord dans tous les cas avec leur appréciation.  

23 janvier 2017

DIALOGUE AVEC UN JIVARO SUR QUELQUES ABSURDITES D'AUJOURD'HUI

 

Mon oncle (dans son état habituel).- B’jour ! (au Jivaro) Vous êtes encore là, vous ? Vous squattez chez mon neveu, ou quoi ?

Moi (conciliant).- Bonjour, mon oncle. Mon ami est ici chez lui, tu sais, et j’ai toujours plaisir à sa visite… A la tienne aussi, bien sûr, mais … ce n’est pas la même chose.

Mon oncle.- Oui…bon. De quoi parliez-vous ?

Moi.- Des selfies… Tu sais ce que sais ?

Mon oncle.- Bien sûr ! Tu me prends pour qui ?

Moi (hésitant).- Pour quelqu’un qui est fâché avec les nouveautés technologiques, non ? 

Mon oncle (furieux).- Un vieux con, en somme !

Moi (riant).- Mais non…

Le Jivaro (apaisant).-  J’allais poser une question. Dis-moi…

Moi.-  Laquelle ?

Le Jivaro (hésitant).-  Eh bien… Je ne te vois jamais faire de selfie… Ce n’est pas normal.
Moi (impassible).- Et pourquoi donc ?

Le Jivaro.-  Tout le monde en fait, voilà pourquoi !

Moi.-  Tout le monde, mais pas moi…

Le Jivaro.- Oui, et c’est bien ce qui n’est pas normal.

Moi (ironique).-  A moins que ce soit ceux qui en font qui ne soient pas normaux…

Mon oncle (triomphant).- J’en fais, moi, des selfies… Et dire que tout le monde se moque de moi à propos de ma prétendue incapacité à comprendre les technologies modernes !  Mais c’est génial, les selfies ! Tiens, pas plus tard qu’hier, j’en ai fait un avec Jacqueli… enfin avec une amie, que j’ai rencontrée par hasard dans un magasin…

Moi (moqueur).- Une amie, vraiment ? Et ma tante connait cette …amie? Dis-moi, elle utilise ton téléphone portable ?

Mon oncle (gêné).- Non, elle a le sien…

Moi (souriant).- Et qu’en as-tu fait, de ton selfie ?

Mon oncle.- Je l’ai envoyé à Jacquel...enfin, à mon amie.

Moi (moqueur, à nouveau).- Oui, j’ai bien compris, ton amie Jacqueline. Tu l’as mis sur ta page Facebook, je suppose.

Mon oncle.- C’est ça, oui.

Le Jivaro (sérieux).-  Je voudrais comprendre…Tout le monde accepte de figurer sur un selfie, vois les politiques, hommes et femmes, tous confondus, le nombre de selfies qu’on leur demande… Et ils acceptent de bonne grâce…

Moi.-  Pour ne pas mécontenter de possibles électeurs, tu ne crois pas ?

Le Jivaro.-  Sans doute, sans doute. Mais enfin, toi, pourquoi refuses-tu ?

Moi.-  A la vérité, je ne vois pas quel est l’intérêt de cette pratique…

Le Jivaro.-  Ah bon ? Mais j’en fais, moi, et je les publie, comme ça je partage mes découvertes de la France et de l’Europe avec ma famille, qui est très loin, comme tu sais.

Moi (moqueur).- Je vois… Un Jivaro devant la Tour Eiffel, c’est ça ?

Le Jivaro (vexé).- Non !   Je filme surtout le monument que je visite !

Moi (sérieux).- Excuse-moi… Je comprends. Mais est-ce vraiment un selfie ? Parce que dans ce genre de film (si je puis dire), c’est soi-même qu’on montre, pas un monument, sauf incidemment. C’est moi devant les Pyramides, moi devant Notre-Dame de Paris, moi devant le Mont Saint-Michel, moi dans ma salle de bains, moi dans la salle de sports, moi dans les toilettes, enfin bientôt, je le suppose, moi avec mon député, moi avec un chanteur plus ou moins célèbre, moi, moi, moi, encore moi, toujours moi. Tu parlais des selfies avec les politiques, c’est un bon exemple : ce qu’on filme, c’est soi-même avec un politique, pas lui, même pas lui avec moi. Ou (me tournant vers mon oncle) moi avec mon amie Jacqueline, n’est-ce pas?

Mon oncle (gêné).- Hum…

Moi.- Mais c’est toujours la même chose ! Moi, moi, moi, avec une série de M en majuscule ! Et seulement moi, parce que les Pyramides ou les toilettes, c’est seulement un décor.  Toi, tu envoies des cartes postales. D’une technologie avancée, j’en conviens, mais des cartes postales, ou quelque chose d’approchant.

Le Jivaro.- Oui, je crois qu’on peut dire ça.

Moi (faussement inquiet).- Rassure moi, tu n’autorise pas la planète entière à voir tes cartes postales ?

Le Jivaro.- Non, uniquement ma famille et quelques amis.

Moi (rassurée).- Bon… Je vais te dire : au fond, tu es très traditionnel…Tu sais, mes parents avaient une camera, une Super 8, et ils filmaient… Ils filmaient tout : leurs enfants, les anniversaires, les vacances… Et ils conviaient la famille et les amis pour regarder leurs films…  L’horreur ! Tout le monde craignait ces soirées cinéma. Nous, on venait pour ne pas leur faire de la peine, et je soupçonne que leurs amis venaient surtout parce que ma mère était une cuisinière exceptionnelle, les films c’était le prix à payer pour manger royalement. Ne souris pas, c’est vrai !

Le Jivaro (amusé).- Je n’en doute pas une seconde… Mais…Comme toutes les mères, non ?

Moi.- Je ne réponds pas à tes insinuations malveillantes. Toi, tu fais comme mes parents, tu filmes… Et tu envoies tes films, mais la différence, c’est que ceux qui les reçoivent ne sont pas obligés de les regarder… C’est un progrès, crois-moi, même si, bien sûr, je ne doute pas de la qualité de tes films! Mais au fond tu fais la même chose que mes parents… Et, donc,  je maintiens, tu ne pratiques pas le selfie. Parce que le selfie, c’est fait pour être montré, c’est fait pour exhiber celle ou celui qui en est l’objet, et toi, tu ne t’exhibes pas.

Mon oncle (en colère).- Je m’exhibe, moi ? C’est trop fort !

Moi (ironique).- Mais oui, mon oncle, tu publies tes selfies, donc tu t’exhibes… Au contraire de mon ami.

Le Jivaro (mélancolique).- Alors, je ne suis pas comme nos contemporains… Eux, ils se filment, moi je filme les autres…

Moi.- Oui ! Et tu devrais t’en féliciter ! Ca prouve que tu es un adulte équilibré !

Mon oncle (en colère).- Au contraire de son oncle, c’est ce qu’il insinue !

Le Jivaro (perplexe).- Je ne comprends pas…

Moi.-  Maman, regarde-moi comme je fais bien du vélo, tu as déjà entendu ça, je suppose ? Tu en a vu et entendu des enfants qui réclament qu’on les regarde ?  Eh bien les selfies, c’est pareil, ceux qui les font demandent aux autres de les regarder, comme s’ils n’existaient pas, sauf si on les regarde. Car il ne faut pas s’y tromper, un selfie, c’est fait pour être partagé,  publié sur internet, ça n’existe pas sans cette publication, sans ce partage. Si je prends un selfie, c’est pour être regardé…. Il n’est pas surprenant que les adolescents pratiquent abondamment le selfie, à leur âge, c’est normal. Mais que des adultes le fassent…

Mon oncle (toujours en colère).- Je l’ai toujours dit à tes parents, tu es négatif ! Tu dis à propos des selfies ce que tu dis à propos de ces émissions de téléréalité que tout le monde regarde, sauf toi, monsieur l’esprit fort !

Moi.- Mais oui, mon oncle, je dis la même chose tout simplement parce que les situations sont les mêmes, mais inversées !

Le Jivaro (apaisant).- Et pourquoi ?

Moi.- Parce que dans ce genre d’émissions, les gens s’exhibent, eux aussi ! Tiens, il me semble qu’il y a eu une émission où les gens venaient parler de leurs problèmes conjugaux, et on leur promettait de les aider à les résoudre. Ce n’est pas une exhibition, ça ? Et le pire…

Le Jivaro.- Le pire ?

Moi.- Je me demande si ce n’est pas plus qu’un simple exhibitionnisme… Il me semble que ce genre d’émissions efface la frontière entre le spectacle et la vie, le spectacle devient la vie réelle, comme dans ces émissions qui prétendaient favoriser le mariage entre des candidats ou l’amitié (pour la vie, rien que ça !) avec une célébrité.  Dans le selfie, vous mettez votre vie en spectacle, dans la télé-réalité c’est le spectacle qui devient votre vie. Et cette confusion peut aboutir à des résultats calamiteux.

Le Jivaro.- Par exemple ?

Moi (échauffé).- La dernière élection aux États-Unis, par exemple ! Ils ont réussi à élire un présentateur de télévision, qui assurait le spectacle pendant la campagne mais dont la plupart des électeurs savaient qu’il était totalement incompétent !  

Le Jivaro.- Ils le savaient incompétent et malgré cela ils l’ont élu ?

Moi.- Je pense qu’ils l’ont élu parce qu’il est incompétent !

Mon oncle (très en colère).- Il dénigre le Président des États-Unis, maintenant ! J’en ai assez entendu, je m’en vais !

Moi.- A très bientôt, mon oncle.

16 janvier 2017

POLEMIQUE: A PROPOS DE L'EXPRESSION "LES BELLES ÂMES"

Je lis cette phrase, sur un site dont je tairai le nom : « Il est évidemment plus facile de se situer… dans le camp des belles âmes… » Il n’est pas ici question de discuter du problème (ou prétendu tel) évoqué dans le texte cité, mais seulement de l’expression employée par lui : « les belles âmes ». Bien entendu, et il est loin d’être le seul dans ce cas, l’auteur utilise ces mots ironiquement et dans une intention critique ; les belles âmes ne peuvent être que celles qui préfèrent la pureté des bons sentiments à une analyse sérieuse de la réalité et qui, donc, ne peuvent qu’émettre des suggestions absurdes, car coupées de cette réalité. Traduite en langage ordinaire, l’expression, au pluriel, désigne des rêveurs impénitents dont il n’est pas utile de tenir compte, au moins pour les gens sérieux, ou, en langage plus brutal, des gogos qui préfèrent le refuge du rêve aux difficultés de l'action. Celui qui écrit nous suggère que lui se range dans le camp opposé, que son analyse de la réalité est sérieuse, elle, et que ses suggestions seront en conséquence efficientes. En bref, il procède à ce que j’appellerai une disqualification doucereuse (honteuse?) du point de vue opposé au sien. Et cette façon d’agir ne se limite pas à cette seule occurrence : l’emploi des termes « droits-de-l’hommisme » ou « pensée unique » est du même tonneau.

Mais ceux qui, pour suggérer qu’ils en sont le contraire, parlent de belles âmes devraient se méfier : le contraire des belles âmes, pour La Bruyère, ce sont les âmes basses : « il y a des âmes basses, pétries de boue et d’ordure, éprises du gain et de l’intérêt, comme les belles âmes le sont de la gloire et de la vertu. »    

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