Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Points de vue des citoyens ordinaires
8 mars 2016

POUR UN SURSAUT POLITIQUE EUROPEEN

Le projet européen est enfermé dans un piège mortel. Faudra-t-il nous résigner, dans quelques mois ou quelques années, à officialiser son décès ?

Ce qu’on voit d’abord n’est probablement pas le plus important. Certes, le Brexit serait un aveu d’échec. Mais le Royaume-Uni qui, il faut le rappeler, n’avait pas voulu faire partie de la Communauté à ses débuts et avait suscité la création de l’Association Européenne de Libre-Echange ne s’est jamais rallié à l’idée d'une uion toujours plus étroite des peuples européens. Son projet était plutôt de transformer la Communauté en une zone de libre-échange améliorée, et de ce point de vue, il n’a pas si mal réussi. Certes, les Etats du Groupe de Visegrad se bornent à percevoir ce qu’ils considèrent comme un dû, à  savoir les subventions européennes, sans témoigner en retour du minimum de solidarité que leur imposerait la décence. Certes, aussi, l’Union, et surtout la zone euro, sont partagées entre espaces dont les intérêts sont divergents (le Nord, le Sud, l’Ouest, l’Est). Certes, enfin, les flux migratoires créent la tentation du chacun pour soi, à laquelle tous les Etats ont plus ou moins cédé, sauf peut-être l’Allemagne, ce dont on doit remercier Mme Angela MERKEL, qui a plus ou moins sauvé l’honneur de l’Europe.

Tout cela est important. Tout cela est grave. Mais ce n’est pas le plus important, ce n’est pas le plus grave. Le plus important et le plus grave, c’est que les peuples européens ne croient plus à l’Europe. Ou plus exactement ils ne croient plus au projet politique européen.

Il faut évidemment se demander pourquoi. Il y a sans doute de très nombreuses causes à cet « euroscepticisme », comme il est convenu de l’appeler aujourd’hui. On voudrait ici insister sur l’une d’entre elles, le rôle des dirigeants des gouvernements européens, qui se servent de l’Europe comme d’un instrument de politique intérieure (le terme politique étant sans doute trop noble pour désigner des calculs finalement assez minables). Haro sur l’Europe, qui en fait trop (de normes, par exemple) ou pas assez (de subventions), qui est donc un bouc émissaire commode pour des dirigeants impuissants, qui est trop interventionniste (et il n’y a pas lieu de distinguer l’UE du Conseil de l’Europe, n’est-ce pas, M. CAMERON ?) ou pas assez. De plus, des mouvements populistes (j’appelle populiste un mouvement qui cherche à séduire le corps électoral par des promesses qu’il sait irréalistes) attisent cet euroscepticisme, tout en ne refusant pas, c’est le moins qu’on puisse dire, les subsides européens ou l’immunité parlementaire attachée au mandat parlementaire européen. Comment, dans ces conditions, les peuples pourraient-ils encore croire au projet politique européen ? Ils constatent, avec bon sens, que ce projet est mort.

On peut s’y résigner. On peut, aussi, chercher à le faire revivre.

Le moment est favorable à un sursaut. Le Brexit est sans doute un échec, mais c’est aussi une opportunité. Que ceux des Etats qui estiment l’Europe inutilement envahissante, trop bureaucratique, trop lourde dans son fonctionnement s’en aillent ! Ce serait une erreur de les retenir. Profitons au contraire de ce départ pour relancer le projet politique européen. Je dis bien : projet politique européen. En d’autres termes, il s’agit d’avancer sur la voie d’une union toujours plus étroite des peuples européens mais sans se limiter aux aspects économiques ou monétaires qui sont certes très importants, mais aussi subordonnés. Il paraît qu’on pouvait lire, en mai 1968, sur les murs d’une université parisienne, qu’on n’est pas amoureux d’un taux de croissance. Le mot est plus profond qu’il n’y paraît : les peuples doivent avoir un rapport affectif, et non pas simplement intellectuel, avec ce qu’on leur propose, ils doivent aimer – j’ose le mot – la politique de leur pays, ici de leurs pays.

Il est vrai que ce sursaut implique que nos gouvernants se dépassent eux-mêmes, qu’ils dépassent leurs petites et mesquines querelles de clochers ou de drapeaux. Ce sursaut doit être européen. Il doit émaner d’une initiative commune à des dirigeants de plusieurs pays – pourquoi pas les six Etats originaires, auxquels s’adjoindraient d’autres comme l’Espagne, la Grèce ou le Portugal ? Nous avons impérativement besoin d'une nouvelle Conférence de Messine!

Le choix qui s’offre à nos gouvernants est simple : dans l’état où il est, le projet politique a besoin d’un traitement de choc ou de soins palliatifs.  Pas de paroles lénifiantes.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Points de vue des citoyens ordinaires
Publicité
Archives
Publicité